Danse8 avril 20201Danser sa peine

France 3 a récemment diffusé un documentaire intitulé « Danser sa peine » sur le travail du chorégraphe Angelin Prejlocaj avec des détenues de la prison des Baumettes à Marseille.

Réalisé par Valérie Müller, ce remarquable film est ainsi présenté : « Elles s’appellent Sylvia, Litale, Sophia, Annie et Malika, elles n’ont jamais dansé et sont incarcérées à Marseille dans le quartier des longues peines. Pendant quatre mois, deux fois par semaine, elles vont suivre l’atelier du célèbre chorégraphe Angelin Prejlocaj.

« Un projet fou et audacieux, celui d’entraîner et de faire danser les détenues qui se produiront « hors les murs » sur des grandes scènes prestigieuses comme celle du pavillon noir à Aix et à Montpellier au Festival international de la danse. Un autre regard sur la prison, sur l’enfermement des corps et sur le processus de création. »

Le film est construit en deux parties. La première partie alterne des séances de répétition et des interviews des participantes à l’atelier et de l’animateur. La seconde montre le spectacle donné à Aix puis à Montpellier et l’accueil enthousiaste du public. Entre les deux, dans les murs de la prison, la commission d’application des peines, qui se prononce détenue par détenue sur la permission de sortir qui leur permettra de participer au spectacle.

Angelin Prejlocaj se dit passionné par le projet, mais aussi surpris par sa difficulté. Ses danseuses ne sont pas des professionnelles. Lorsqu’elles ont un coup de blues, elles ont le plus grand mal à en faire abstraction. « Imagine que tu as de l’eau qui traverse ton corps », leur dit-il. Mais le chorégraphe est aussi ébloui par l’intensité qui émane de ces filles que la vie a malmenées, et toute la vérité qu’expriment leurs corps en mouvement. Il parle d’une corde tendue entre elles et lui et que l’on fait vibrer. « Soyez connectées entre vous, dans la même énergie ».

Quelques phrases prononcées par les femmes détenues :

« En prison, on est dégradé dans l’ordre de l’humanité ». « En prison une carapace se créé, j’avais du mal à entrer en contact avec les gens. »

« Enfant, je rêvais de faire de la danse. Mais c’était déjà difficile de survivre dans le milieu compliqué où je vivais »

« Par ce projet, on nous voit en tant que femmes et non en tant que détenues. » « On se sent femmes, toute belles, considérées, on se sent bien. »

« Je ne pensais pas être si courageuse. J’ai des ressources que je ne soupçonnais pas. »

« Moi qui n’avais pas confiance en moi, je l’ai fait et c’est beau. »

« J’ai juste envie de vivre. »

One comment

  • Jean-Claude ROUSSIN

    8 avril 2020 at 14h46

    Vraiment émouvant et encourageant !

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