EconomieGrande Bretagne23 mars 20100Institute of Credit Management

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Le dîner annuel de l’Institut britannique de la gestion de crédit (Institute of Credit Management) rassemble plusieurs centaines de spécialistes. Un prix du gestionnaire de crédit de l’année est attribué.

La remise des « awards » (prix) de l’Institut se déroule cette année au Royal Courts of Justice, le siège du tribunal suprême sur le Strand, l’avenue qui mène de Trafalgar Square à la City de Londres. Ce bâtiment de style gothique a été édifié en 1882 à la gloire de la justice, comme la cathédrale du savoir d’Oakland aux Etats-Unis l’a été, en 1905, pour célébrer la connaissance. Le dîner se déroule dans une vaste nef sans autel ni tabernacle, habituellement dédiée aux célébrations du monde judiciaire mais que des organisations moins huppées peuvent louer pour un soir moyennant finances.

Le code vestimentaire de la soirée est « black tie », tenue de soirée. Une queue s’est formée jusque sur le trottoir. J’admire le stoïcisme des femmes qui patientent dans le froid, en robes de soirée, épaules découvertes. Après un cocktail, nous rejoignons nos tables. Nous avons réservé une table de 10 couverts, dont cinq pour des clients invités. La température dans la nef n’excède pas 15 degrés, mais le vin et la chaleur de la conversation donnent l’illusion d’une température normale. Mon voisin est un producteur de viande de mouton néo-zélandais. Nous parlons de son entreprise et de ses marchés en Europe ainsi que de son pays.

Le rite des dîners formels en Angleterre est relativement immuable : un maître de cérémonie en grand habit rouge, le bénédicité, le discours du président de l’association invitante, un humoriste, un bal.

L’humoriste est une femme d’origine indienne, qui se moque gentiment des mariages arrangés. C’est elle qui, avec le sourire, remettra les prix. Les gestionnaires de crédit sont des professionnels qui, généralement inclus dans la direction financière des entreprises, ont pour mission de transformer les ventes en espèces sonnantes et trébuchantes. Ce sont eux qui définissent les conditions de crédit aux clients, identifient les mauvais payeurs, gèrent l’assurance crédit et recouvrent les créances impayées. Les nominés et les lauréats des « awards » sont récompensés parce qu’ils se sont montrés zélés mais pas obsédés dans la poursuite des mauvais payeurs, parce qu’ils ont mis en place des systèmes de gestion performants ou parce qu’ils ont manifesté des capacités remarquables de management d’équipes.

J’aime le contact des gestionnaires de crédit. Ils ont la rectitude et la solidité des comptables, mais ils sont aussi habitués à se frotter aux commerciaux de leur entreprise et aux clients débiteurs. Je les ai fréquentés en France à l’AFDCC, en Italie à l’ACMI, en Espagne à l’AGC, et aussi à la filiale européenne de l’association américaine, le FCIB. Mais l’Institute of Credit Management est, de toutes ces associations, la plus nombreuse et la plus efficace. Elle organise des filières de formation, fait pression sur les autorités politiques, incite les membres à partager leurs expériences de paiement, encourage l’innovation en matière de logiciels, publie un magazine mensuel. Grâce à elle, la Grande Bretagne est sans doute le pays où la gestion du crédit a atteint le plus grand niveau de maturité.

(Photo : nef des Royal Courts of Justice un soir de dîner de gala).

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