CinémaHistoire3 octobre 20130Le Majordome

« Le Majordome », film de Lee Daniels, explore la lutte des Noirs pour leurs droits civiques aux Etats-Unis en racontant l’histoire contrastée d’un Majordome de la Maison Blanche et de son fils, militant non violent puis Black Panther.

 Encore petit garçon, Cecil Gaines (joué à l’âge adulte par Forest Whitaker) assiste au meurtre à bout portant de son père par le propriétaire du domaine cotonnier où il travaille. Pris en pitié par la mère du meurtrier, il devient « Noir de maison ». D’opportunité en opportunité, il entrera à la Maison Blanche comme Majordome et servira sous les présidents Eisenhower, Kennedy, Johnson, Nixon, Ford, Carter et Reagan.

 

A son arrivée à  la Maison Blanche, Kennedy salue les majordomes
A son arrivée à la Maison Blanche, Kennedy salue les majordomes

La consigne aux majordomes est simple : rester sourd à ce qui ce dit, anticiper le moindre désir du président, de sa famille, de ses collaborateurs et de ses hôtes. Et surtout, être totalement invisible, transparent.

 C’est exactement ce que ne supporte pas Louis (David Oyelowo), le fils de Cecil et Gloria (Oprah Winfrey). Pour lui, son père trahit la communauté noire par sa servilité à l’égard des Blancs. Louis veut rendre visible la cause des Noirs. Il mènera des actions de résistance passive aux côtés de martin Luther King puis, après l’assassinat de celui-ci, brièvement parmi les Black Panthers avant d’entrer en politique dans le Parti Démocrate.

 Le film est construit sur l’opposition de ces deux vies. D’un côté, le faste des réceptions, les gants blancs, le service silencieux et stylé. De l’autre, l’apprentissage théorique de la résistance aux hurlements racistes, aux coups et aux insultes, puis l’expérience physique des passages à tabac, des emprisonnements, de l’incendie par le Ku Klux Klan d’un bus de manifestants.

 Comme tout bon drame américain, le film se termine en happy end, et ce happy end se nomme Obama. Cecil Gaines, devenu âgé et veuf, se rend à la Maison Blanche à l’invitation du premier président noir des Etats-Unis. Il a compris le sens du combat de Louis. Louis de son côté s’est rendu compte de ce que la promotion des droits civiques par les présidents américains doit à leur fréquentation constante, jour après jour, d’hommes patients et droits tels que son père.

 La surcharge de bons sentiments est gênante, mais n’empêche pas d’apprécier ce film qui rappelle à la fois la cruauté de la ségrégation raciale, la rapidité de son abolition qui s’est réalisée en moins d’une génération et le courage des hommes et des femmes qui se sont sacrifiés pour que les choses changent.

 Le numéro d’acteur de Forest Whitaker est extraordinaire de pudeur et de sensibilité. L’occupation des sièges d’une cafétéria réservés aux blancs par des militants noirs non-violents et leur agression par des racistes outragés est filmée de manière remarquable. Et Jane Fonda, dans le rôle d’une Nancy Reagan non-conformiste invitant Cecil et Gloria à un dîner officiel en tant que convives, est pétillante.

Face à face de Cecil (Forest Whitaker) et son fils Louis (David Oyewolo)
Face à face de Cecil (Forest Whitaker) et son fils Louis (David Oyewolo)

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