CinémaItalie23 avril 20150Leopardi, il giovane favoloso

Dans « Leopardi, il giovane favoloso », le réalisateur et scénariste Mario Martone offre un portrait saisissant du poète italien Giacomo Leopardi (1798 – 1837).

 Le jeune homme fabuleux est incarné à l’écran par Elio Germano. Il grandit dans une famille noble de Recanati, une petite ville des Marches, alors située dans les États Pontificaux. Son père, le comte Monaldo Leopardi, est un intellectuel qui possède une bibliothèque de plusieurs milliers de volumes. Le palais des Leopardi est un centre d’études, où l’on connait par cœur les œuvres des classiques latins et grecs, où l’on pratique plusieurs langues dont l’hébreu et où l’on résout des problèmes complexes de mathématiques.

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Le comte Monaldo est aussi un catholique traditionnaliste, soucieux de protéger ses enfants de la contagion des pernicieuses idées libérales et du nationalisme italien. Enfant et adolescent prodige, Giacomo souffre de l’ambiance confinée de sa famille et de Recanati. Il rêve du grand vent des idées qui balaie l’Europe, se lie d’amitié avec l’intellectuel Pietro Giordani, tente de s’enfuir et de le rejoindre à Milan. Mais il dépend financièrement de ses parents. Il souffre d’une déformation de la colonne vertébrale, probablement due à une tuberculose osseuse, qui l’oblige à marcher bossu et recroquevillé et gêne sa respiration. Sa vue baisse.

 Giacomo Leopardi décrit son état comme celui « d’infelicità ». Il se tourne vers la poésie et exprime une vision du monde désespérée. Mario Martone dit de lui qu’il « était le Pasolini de son époque, un intellectuel rebelle et avant-gardiste qui voulait bouleverser les conventions sociales ».

 Leopardi finit par quitter Recanati à l’âge de 24 ans. Le film nous le montre à Florence, vivant un amour platonique avec une aristocrate italienne (Anna Mouglalis) puis à Naples avec Antonio Ranieri (Michele Riondino), qui s’occupera de lui et de la préservation de son œuvre.

 Tout au long des 2h15 que dure le film, le spectateur reste sous le charme : celui des collines des Marches, de la petite ville de Recanati si harmonieusement insérée dans son environnement, du baroque de Loreto et de Naples, de la lumière du Vésuve plongeant dans la Méditerranée ; et surtout, des poésies de Leopardi nourries du désespoir le plus profond.

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