Justice2 juin 20200Les contrôleurs de l’ombre

La Chaîne Parlementaire a diffusé récemment un documentaire de Régine Abadia et Carmen Castillo intitulé « les contrôleurs de l’ombre ». Les réalisatrices ont suivi des inspecteurs et inspectrices du Contrôle Général des Lieux de Privation de Liberté (CGLPL).

Le CGLPL est une autorité indépendante créée par la loi en 2007. Le Contrôleur général veille à ce que les personnes privées de liberté soient traitées avec humanité et dans le respect de la dignité inhérente à la personne humaine.

Le CGLPL peut enquêter dans tous les lieux où des hommes et des femmes sont privés de liberté : les prisons, bien sûr, mais aussi, entre autres, les hôpitaux psychiatriques, les centres de rétention administrative des étrangers, les lieux de garde à vue, les centres éducatifs fermés. La Contrôleure actuelle, Adeline Hazan, a été nommée à ce poste pour six ans en 2014 et arrive au terme de son mandat.

A la maison d’arrêt de Douai

 Le reportage suit les contrôleurs au centre psychothérapeutique de l’Ain à Bourg en Bresse pour s’assurer de la mise en œuvre des recommandations formulées à l’occasion d’une première visite. À Agen, ils visitent le centre hospitalier départemental La Candélie. Ici ,c’est pire qu’une prison, dit un patient.

La troisième visite présentée par le documentaire concerne la maison d’arrêt de Douai. Les contrôleurs, auxquels s’est adjointe Adeline Hazan, pénètrent dans les cellules, se font ouvrir le quartier d’isolement et le mitard, parlent avec les personnes détenues. Elles disent que toute demande doit être formulée par écrit, mais qu’un rendez-vous médical ou un entretien avec un conseiller d’insertion et de probation nécessite des semaines ou des mois d’attente, quand la demande ne tombe pas à la trappe. Un homme au quartier disciplinaire pour détention d’un portable explique que l’autorisation d’appeler sa famille n’arrivait pas et qu’il avait besoin de leur parler.

Adeline Hazan : « Ce n’est pas parce qu’une personne est privée de sa liberté de circulation à un moment ou à un autre dans son parcours de vie qu’on doit lui enlever sa dignité et on s’aperçoit que très souvent dans les lieux de privation de liberté, soit par manque d’effectif, soit par manque de temps, soit par la volonté de prendre le moins de risques possibles, soit par la volonté d’assurer une sécurité maximale, on en oublie la dignité des personnes ».

Et encore :  « Depuis 2015, ce qui nous préoccupe beaucoup, c’est cette succession de lois mais aussi de pratiques, de volonté gouvernementale de restreindre les libertés et même de considérer que les droits fondamentaux, finalement, c’est presque un luxe qu’on ne peut plus se permettre par les temps qui courent… »

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