EspagneReligion19 octobre 20150Pampelune

Capitale de la Navarre, Pampelune est une ville chargée d’histoire.

Se promener en milieu de journée dans les vieilles rues de Pampelune plonge le flâneur dans une ambiance incontestablement espagnole. On sent bien, dans l’architecture comme dans les façades, une touche basque. Mais les bars à tapas, les commerces de « jamón ibérico » et l’énergie qui se dégage de la foule ne diffèrent guère de qui se rencontre en Castille.

La cathédrale de Pampelune a été essentiellement construite, sous sa forme actuelle, au quinzième siècle dans le style gothique tardif. Elle abrite un grand nombre de chefs d’œuvre de la sculpture baroque, des retables qui évoquent la vie du Christ et, naturellement, Saint Firmin, patron de la ville.

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Dans les rues de Pampelune, face à la cathédrale

Un parcours muséologique a été organisé dans les bâtiments conventuels qui jouxtent la cathédrale. Il a été dénommé « Occidens ». Il est consacré à la civilisation occidentale, qui est en train de s’achever selon les commissaires de ce parcours, pour laisser la place à une civilisation nouvelle « qui nait de la rencontre de toutes les cultures du monde, et dans la construction de laquelle notre culture joue un rôle fondamental : son architecture, sa musique, son économie de marché, son organisation démocratique, sa rationalité critique, son concept de la personne… acquièrent un caractère universel ».

« Occidens » défend une thèse. Ce serait l’Église Catholique qui aurait permis la naissance d’une société démocratique et tolérante. Les bûchers de l’Inquisition, le rejet par l’Église des Lumières jusqu’au Concile Vatican II, les massacres franquistes au nom de la foi et l’organisation théocratique et exclusivement masculine du clergé ne sont pas même mentionnés. La dernière salle, qui ouvre sur l’époque contemporaine, alerte sur les dangers du « relativisme », dans la ligne des enseignements du pape Benoît XVI.

Retable dans la cathédrale de Pampelune
Retable dans la cathédrale de Pampelune

Si l’idéologie de l’exposition peut irriter, l’exposition est riche d’informations historiques, les objets présentés sont d’un grand intérêt artistique et les concepteurs ont su créer une atmosphère à la fois esthétique et méditative.

Pampelune a été, après l’arrivée des Arabes dans la vallée de l’Èbre en 712, domaine de comtes qui, tout en étant chrétiens, acceptèrent de devenir vassaux des rois musulmans de Tarragone, les Banou Quasi. Le nom de Qasi vient du fondateur de la dynastie, le Comte wisigoth Cassius, qui s’était converti à l’Islam. Les recherches archéologiques ont mis en évidence un cimetière islamique, qui atteste la présence de Musulmans au cœur de la ville. À un certain point, les Comtes de Pampelune changèrent d’allégeance et s’allièrent au royaume d’Oviedo. Pourquoi ? « Ce fut finalement, dit le catalogue de l’exposition « Occidens », une décision où la foi s’imposa aux intérêts personnels et à l’ambiance dominante ».

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Vierge présentée dans le cadre du parcours muséologique « Occidens »

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