Cinéma11 décembre 20140Polisse

Arte TV a récemment diffusé “Polisse”, film realisé par Maïwenn en 2011, dont le cadre est la brigade de protection des mineurs.

 La réalisatrice elle-même joue le rôle de Mélissa, une jeune photographe chargée d’un reportage sur la vie de la brigade. Comme Mélissa, le spectateur se trouve dans la situation excitante et perverse du voyeur. Et chaque jour apporte son lot d’horreurs à voir : des enfants violés par leur père ou leur professeur de sport, une mère immigrée qui vit à la rue et veut abandonner son jeune fils, des enfants roumains contraints à gagner leur vie comme pickpockets, une jeune femme qui met au monde un bébé mort-né…

Maïwenn, spectatrice de la brigade de protection des mineurs
Maïwenn, spectatrice de la brigade de protection des mineurs

La brigade vit comme une petite communauté dans laquelle on partage de longues journées de travail harassantes mais aussi des soirées en discothèque. La frontière entre la vie privée et la brigade est poreuse, parce que le stress du travail pollue la vie de famille, parce qu’on partage ses soucis les plus intimes, parce que l’on vit parfois dans la dépendance de l’autre et que l’on en vient à le détester.

 Le travail lui-même est collectif. Les interrogatoires sont souvent menés par plusieurs policiers en même temps, et certains sont visionnés à distance par d’autres membres de l’équipe. C’est en peloton et parfois « en file indienne » que l’on intervient avant l’aube dans un campement de Roms. Lorsqu’on est mis à la porte de chez soi par un conjoint excédé, c’est chez un collègue que l’on trouve asile pour quelques jours.

 La régulation de cette équipe en fréquente ébullition est difficile. Au premier niveau, il y a Balloo (Frédéric Pierrot), le grand frère empathique qui vit avec ses troupes, comprend les émotions, sait intervenir si les choses vont trop loin. Au-dessus, Beauchard (Wladimir Yordanoff) est celui qui fait appliquer le règlement, donne des avertissements, tempère le zèle de ses troupes lorsqu’elles bousculent un suspect alors que celui-ci de protections haut placées. Beauchard joue le « méchant » dans cette histoire, mais on sent bien que sans lui, la mission de la brigade serait tout simplement impossible : il représente le principe de réalité.

 Les comédiens sont formidables. JoeyStarr est remarquable dans le rôle d’un gros dur au cœur tendre qui a du mal à séparer vie professionnelle et vie privée : il est souvent tenté de prendre en charge personnellement les détresses qui s’exposent au bureau ; il se laissera séduire par la belle Mélissa. Comme lui, Karin Viard, interprète un personnage en équilibre instable entre ferme détermination et profonde vulnérabilité.

 « Polisse » a reçu le Prix du Jury du Festival de Cannes. C’est une fiction, mais elle fait vraiment entrer le spectateur dans le vécu d’hommes et de femmes quotidiennement confrontés aux déviances dont les enfants sont victimes.

Un travail collectif
Un travail collectif

Commenter cet article

Votre email ne sera pas publié.