Grande Bretagne21 février 20120Qu’est-ce qu’être Britannique en 2012 ?

A l’occasion du jubilée de la Reine Elisabeth II, Stephen Moss s’interroge dans The Guardian du 6 février sur ce que signifie être Britannique en 2012.

 Le journaliste a mené son enquête de Stratford, la banlieue populaire de l’est de Londres où se dérouleront les Jeux Olympiques. A Stratford upon Avon, la patrie de Shakespeare. Son voyage l’a emmené à Hastings, une bourgade maritime au sud-est de Londres, à Bradford, cité industrielle du nord de l’Angleterre, à Edimbourg et Pitlochry (Ecosse), dans le petit village d’Ottery St Mary dans le Devon (sud-ouest de l’Angleterre), à Caernarfon (ville du nord du Pays de Galles où le chômage est endémique), à Belfast (Irlande du Nord) et à Coventry (Midlands. Il a rencontré cent personnes, d’âges, ethnies, occupations professionnelles variés.

 Sa recherche sur l’identité britannique s’inscrivait dans le cadre de la célébration du jubilée de la Reine : la Grande Bretagne sur la quelle elle règne aujourd’hui est-elle la même que celle qui était au cœur d’un empire en 1952 ? La volonté du président du gouvernement écossais Alex Salmond de convoquer un référendum sur l’indépendance lui a donné une nouvelle actualité.

 Sa conclusion, c’est que ce n’est pas à l’Etat britannique que les gens sont le plus attachés mais à l’état d’esprit britannique, les valeurs que la « britannitude » (comme le dirait Ségolène Royal !) est censée contenir. « Quand j’interrogeais les gens sur ce qui comptait pour eux, peu mentionnaient la monarchie, l’armée, la BBC, le parlement ou quelque organe de l’état ; ils célébraient nos valeurs  – démocratie, liberté, égalité devant la loi, ouverture, tolérance, équité, justice. On les rattachait de manière répétée à l’essence de la « britannitude », ou peut-être de la nouvelle Grande Bretagne, parce que certaines de ces qualités n’étaient certainement pas en évidence dans le royaume marqué par les frontières de classe qui échut à la Reine Elisabeth II en  1952. La tolérance, l’ouverture et la diversité ont toutes émergé dans le dernier quart de siècle, et définissent maintenant notre société. Les jeunes – disons ceux de moins de 35 ans – ont embrassé les vertus d’une société tolérante, pas compliquée, multiraciale ; beaucoup de ceux au-dessus de 65 ans, spécialement dans les grandes viles, se sentent dépossédés, leur vieilles certitudes brisées ; ceux entre les deux essaient de surnager avec la marée ou au moins de garder leurs pensées pour eux-mêmes. Ce qui compte pour la génération d’après 1970 ce n’est pas la protection des institutions mais les valeurs.

 (…) Je suis resté avec des appréhensions quant au futur du Royaume Uni, mais sans aucun doute sur la capacité des gens qui vivent dans ces îles. Les jeunes, malgré tout ce qu’on dit de la génération perdue, ont entrain et foi en eux-mêmes alors que les vieux s’appuient sur leurs ronchonnements et leurs préjugés. J’eus une épiphanie au début de mon voyage alors que je regardais des dizaines de jeunes patineurs sur un anneau de glace alors que l’obscurité tombait sur un Westfield hivernal dans d’est londonien. Beaucoup de patineurs tombaient, aussi, mais ils se redressaient bien vite et avançaient sur la glace, riant et s’accrochant à leurs amis, sans crainte et avide d’apprendre. Les gens sont remarquables à un degré que les pays ne peuvent pas atteindre.

 Voici quelques verbatims de l’enquête :

 « Je suis fière de la Grande Bretagne à cause de son ouverture, de sa diversité et de sa créativité. Les bonnes manières ont peut-être décliné, mais quelque chose d’important a été gagné aussi. » Michelle Giovanni, enseignante, Stratford.

 « Mon papa vient de Tanzanie et ma maman vient d’Ouganda, bien que l’origine de leurs familles soit en Inde. Je me sens Anglais et je soutiens l’Angleterre au cricket et au rugby », Manish Gajjar, 40 ans, propriétaire d’une boutique de disques, Hastings.

 « Stratford upon Devon reçoit tant de visiteurs qu’on peut presque l’appeler multiculturelle. Je suis arrêtée par des touristes qui me demandent leur route tout le temps. Je devrais porter un badge. La plupart du temps, ils cherchent les toilettes ; Stratford manque terriblement de toilettes publiques. Mais c’est un endroit délicieux à vivre et les gens sont très amicaux. Je me sens très anglaise. En ce qui concerne les Ecossais et les Gallois, ils peuvent suivre leur voie. Ce qu’ils font ne me soucie pas. Je suis fière d’être anglaise. » Beryl French, 88 ans, retraitée.

 Photo « The Guardian » : une célébration traditionnelle de la noce royale de 2011 dans la rue.

Commenter cet article

Votre email ne sera pas publié.