Cinéma24 avril 20210Rouge baiser

France 5 a récemment diffusé « Rouge baiser », film de Véra Belmont (1985).

En 1952, Nadia, 15 ans, participe aux manifestations contre la venue en France du général Ridgway, accusé par les Communistes d’utiliser en Corée des armes chimiques.

Nadia (Charlotte Valandrey), fille de Juifs polonais immigrés en France avant la guerre, participe à la section des jeunesses communistes de son quartier, vend leur journal Avant-garde sur le marché du dimanche, tricote des chaussettes marquées de la faucille et du marteau pour le camarade Staline. Elle a aussi une attirance pour le cinéma américain et un coin secret près de la tombe d’Apollinaire au Père-Lachaise où elle flirte avec les garçons du quartier.

Blessée au cours d’une manifestation, Nadia est recueillie par un photographe, Stéphane (Lambert Wilson) qui profite de la situation pour prendre des photos qu’il vendra très cher à Paris-Match. Lorsque la fille se réveille et découvre qu’elle a été accueillie et utilisée par un homme qui travaille pour un magazine « fasciste », elle se rebiffe. Stéphane s’amuse de son aveuglement militant et la met en boîte.

Les deux se sentent irrésistiblement attirés l’un par l’autre. Stéphane, le libertin un peu cynique, se sent capturé ; Nadia voit son identité de militante mise en cause.

Car c’est d’identité que parle « Rouge baiser ». Lorsque Moishe (Laurent Terzieff) revient d’Union Soviétique, ses amis juifs communistes s’attendent à ce qu’ils leur parlent du paradis communiste, des enfants payés pour aller à l’école et des ouvriers en vacances dans les palais des tsars. Et voici qu’il leur raconte le goulag, qu’il évoque son désir d’émigrer en Amérique.

Nadia apprend que sa mère Bronka (Marthe Keller) a aimé passionnément Moishe, et que Henschel, l’homme qui l’a reconnue, n’est pas son père biologique.

Des pans entiers de son existence s’effondrent. Lorsque sa section, dirigée par Roland, un inflexible commissaire  politique, l’exclut, elle n’exprime qu’un regret : ne pas avoir eu le courage, quelques mois plus tôt, de s’être opposée à l’exclusion d’une camarade accusée d’avoir passé des vacances d’été dans la Yougoslavie du traitre Tito.

Rouge baiser, rouge comme le communisme, baiser comme cette pulsion de vie capable de tout bousculer et de tout réinventer.

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