Cinéma2 juin 20170Tout sur ma mère

En hommage à Pedro Almodóvar, président du Festival de Cannes cette année, Arte TV vient de diffuser « Tout sur ma mère » (1999).

Manuela (Cecilia Roth) est mère célibataire. Infirmière dans un service de transplantation d’organes, elle vit avec son fils Esteban (Eloy Azorin), qui voudrait devenir écrivain. Comme cadeau d’anniversaire pour ses dix-sept ans, Esteban demande à sa mère de lui parler d’elle. Manuela commence à se confier, à raconter l’époque où elle jouait au théâtre la pièce « un tramway nommé désir », avec un partenaire qui…

Ce partenaire est celui qui manque sur toutes les photos de cette époque. C’est le père d’Esteban. Quand le garçon décède dans un accident, après une représentation d’un « tramway nommé désir », Manuela décide de rechercher la partie manquante d’elle-même, celle qui aurait permis à son fils d’écrire le livre dont il rêvait : « tout sur ma mère ».

Sa quête l’emmène à Barcelone, dans le milieu prostitué et transsexuel. Elle retrouve Agrado (Antonia San Juan), son ancienne partenaire au théâtre. Elle rencontre Rosa (Penelope Cruz), une religieuse à la dérive qui s’est retrouvée enceinte d’une relation avec une transsexuelle, Lola. Elle se lie avec Huma Rojo (Marisa Paredes), l’actrice vedette dont Esteban, le soir de son anniversaire et de sa mort, aurait tant voulu obtenir un autographe. Elle retrouve Lola, le père de deux Esteban : son fils, et aussi le fils qui nait de Rosa.

Manuela a tenté en vain de gommer une partie de sa vie qui aurait bien pu, comme celles d’Agrado et de Lola, la conduire à la marginalité, à la prostitution et au Sida. Par fidélité à la mémoire de son fils, elle recoud patiemment le tissu déchiré. Elle pardonne.

« Tout sur ma mère » est un film profondément troublant, à l’image de cette scène où, sous une lumière crue, des voitures de clients tournent en rond à la recherche de la fille, ou du garçon-fille, avec qui passer un moment. Mais il constitue un vibrant hommage aux femmes qui n’hésitent pas à avancer, même si c’est un gouffre qui se découvre sous leurs pieds.

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