ArtLivres14 juillet 20180Vers la beauté

Dans son dernier roman, « Vers la beauté » (Gallimard), David Foenkinos met en scène des personnages tiraillés entre l’aspiration à la beauté et la réalité de drames personnels.

Antoine Duris est professeur d’histoire de l’art à Lyon. Il est heureux dans sa vie professionnelle, moins dans sa vie personnelle. Il approche de la quarantaine et sa compagne a rompu car, disait-elle, elle ne se voyait pas avoir des enfants avec lui.

Soudain, il s’enfuit de Lyon et obtient un poste de gardien de salle au Musée d’Orsay. Il passe ses journées à contempler le portrait de Jeanne Hébuterne par Modigliani. Ce portrait le renvoie à l’autoportrait qu’avait peint l’une de ses élèves, la plus douée : Camille. C’est en relation avec son suicide qu’Antoine a voulu disparaître sans laisser de trace.

Modigliani, portrait de Jeanne Hébuterne

Il n’aura le courage de revenir à Lyon et d’y affronter la réalité de ce qui s’est passé qu’accompagné de Mathilde, la DRH qui l’a recruté au musée et avec qui s’est révélée une profonde et silencieuse affinité.

Au cœur du livre se trouve un viol, accompagné d’un chantage qui empêche de mettre des mots sur l’abjection, la laissant ainsi béante. Foenkinos décrit la sidération que l’acte brutal de prédation sexuelle provoque chez une jeune fille de 16 ans, le dégoût pour la vie qu’il lui inspire et jusqu’au sentiment de culpabilité que, de manière absurde, elle finit par ressentir. Il montre l’aveuglement des proches, qui sentent bien que quelque chose s’est cassé mais ne peuvent en imaginer la cause.

Le jour de sa rencontre avec Antoine, Mathilde « avait eu le sentiment d’être en face d’un homme qui glissait : un homme qui, même assis, respirait la chute. Et ils se retrouvaient maintenant, au milieu de nulle part. Malgré la laideur inouïe du lieu, il y avait tout de même de quoi être happé par la tendresse. »

David Foenkinos

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