L’Institut du Monde Arabe présente jusqu’au 26 février une exposition intitulée « Aventuriers des mers, de Sinbad à Marco Polo ».
Sinbad le Marin est un personnage introduit tardivement dans « Les mille et une nuits ». Il illustre un fait historique généralement ignoré en Europe : l’hégémonie maritime de la civilisation arabe du huitième au treizième siècle, non seulement en Méditerranée mais aussi sur l’Océan Indien et jusqu’en Chine.
Les Arabes avaient développé des techniques de navigation efficaces, de la conception des vaisseaux et des voiles au repérage de la position en mer et à la cartographie des ports. L’exposition « les aventuriers des mers » leur rend hommage, par des récits de navigateurs et des objets témoin du commerce maritime florissant de cette époque.
Pour les occidentaux, le Moyen Âge est synonyme de décadence de la civilisation. Ils méconnaissent le fait que, jusqu’à l’invasion par les Mongols au treizième siècle, le monde arabe, bien qu’affaibli par de profonds conflits internes, a produit une civilisation urbaine brillante, fondée sur le commerce des caravaniers dans le désert et des navigateurs sur les mers.
La référence à Marco Polo est pertinente. Après le sac de Bagdad par les troupes mongoles en 1258, le contrôle par les Khan d’un immense empire de la Russie à la Chine et de l’Anatolie à l’Inde rendit sûres, pour quelques décennies, les routes terrestres et maritimes d’Europe orientale, du Moyen Orient et d’Asie. Marco Polo (1254 – 1324) est le prototype de l’Européen curieux de découvrir le monde pour le conquérir et finalement l’asservir.
Son contemporain Ibn Battûta (1304 – 1377) voyage dans l’immense espace de l’Umma, la communauté des fidèles de l’Islam. Hébergé par des sultans et des princes, il a l’illusion d’un monde doté d’une promesse d’éternité. En réalité, le transfert de la puissance du monde arabe à l’occident est déjà effectif. L’ère des grandes découvertes peut commencer.