Le quotidien britannique « The Guardian » vient de publier des bonnes pages d’un livre à paraître sur les pratiques d’Andy Coulson, du temps où il dirigeait la rédaction du tabloïd à scandales « The News of the World ».
Écrit par Nick Davies, le livre s’intitule « l’attaque par les écoutes : comment la vérité a rattrapé Robert Murdoch » (« Hack attack: how the truth caught up with Robert Murdoch », Chatto & Windus). Dans les bonnes pages publiées par The Guardian le 28 juillet, il s’intéresse à la gestion de « The News of the World » par Andy Coulson.
« Transhumances » a raconté en juillet 2011 les circonstances qui ont conduit Robert Murdoch à fermer purement et simplement « the News of the World ». Le journal avait systématiquement utilisé des écoutes téléphoniques pour dénicher les scandales ensuite donnés en pâture à ses nombreux lecteurs. Le rédacteur en chef du journal, Andy Coulson, vient d’être condamné à 18 mois de prison. Après avoir quitté ce poste, il était devenu directeur de la communication de David Cameron au 10 Downing Street avant d’être contraint à la démission en raison de la révélation du scandale.
Le livre de Nick Davies décrit les méthodes de management par la peur mises en œuvre par Coulson à l’égard de ses journalistes, l’hypocrisie qui régnait au sein de la rédaction où l’on dénonçait sans cesse la drogue et l’adultère tout en les pratiquant à grande échelle, la brutalité dans les relations professionnelles.
La délation, une mine pour le business du scandale
Un aspect particulièrement sordide du système « News of the World » est l’utilisation de dénonciations reçues de lecteurs espérant vendre contre espèces sonnantes et trébuchantes des révélations sur la vie privée de célébrités. Des milliers de courriers et de courriels ont été dépouillés dans le cadre de la commission d’enquête sur les écoutes téléphoniques.
« Au long des semaines, les messages révèlent une file apparemment infinie d’hommes et de femmes qui ont rassemblé quelque fragment de vie intéressant pour l’offrir à la vente (le plus souvent à la vente). A mesure que défilent les messages, le côté commercial de cette enchère le cède à quelque chose de plus frappant, quelque chose de plus humain et de plus secret – une perfidie ordinaire. A mieux, ces informateurs trahissent ceux qu’ils ont croisés dans leur travail. Un portier d’hôtel dit qu’il a eu en mains des papiers attestant que deux présentateurs de la télévision ont passé secrètement une nuit ensemble. Un membre du personnel d’une prison se targue de pouvoir prouver qu’un vieil intoxiqué à l’héroïne dans l’une des cellules est le père secret d’une chanteuse d’une girl band. Au pire, ils se portent volontaires pour trahir ceux qui leur font le plus confiance, amis, amants, membres de la famille (…)
Tout est à vendre. Nul n’est exempt. Ce qui commence à émerger, c’est la machinerie interne qui traite la vie humaine elle-même (…) comme une vaste carrière pleine de matériaux bruts que l’on met au jour, que l’on passe au tamis et que l’on exploite pour le divertissement des lecteurs ».
(Photos « The Guardian »)