La « William Morris Gallery » a rouvert ses portes en 2012, complètement rénovée. Elle donne un passionnant aperçu de la vie et de l’œuvre d’un homme hors norme.
Les lecteurs de « transhumances » connaissent la passion que je porte pour William Morris (1834 – 1896). J’ai lu sa biographie et son roman d’anticipation socialiste, visité ses maisons, Red House et Kelmscott Manor et croisé maintes fois sa route dans des expositions ou des livres (Edward Burnes Jones le dernier préraphaélite, la carte et le territoire de Michel Houellebecq, Autumn de Philippe Delerm)…
La « William Morris Gallery » est un musée consacré à cet homme remarquable. Elle occupe la maison familiale construite vers 1740 où il vécut de 1848 à 1856 à Walthamstow, au nord-est de Londres, au terminus de la Victoria Line. Située au milieu d’un parc, la maison est une intéressante bâtisse de style géorgien. Depuis 1950, elle abrite le musée. Celui-ci a été entièrement remanié et modernisé en 2011 – 2012.
Rendre compte de tous les volets de l’activité de William Morris est une gageure. Il fut peintre, designer, brodeur, imprimeur, poète, romancier, militant socialiste, héraut de sagas islandaises, chef d’entreprise, animateur du courant « Arts and Crafts »…
Le musée réussit le tour de force de présenter, par des objets et des audiovisuels (et aussi par des animations pour les enfants) les différents aspects de la vie de cet homme extraordinaire. Ce qui les unifiait, c’était une protestation contre la laideur et la réduction en esclavage des ouvriers par la révolution industrielle. Et aussi, une croyance inébranlable en la rédemption par la beauté, dans une société régie par le principe du « chacun selon ses besoins ». Il était convaincu de la supériorité de l’artisanat sur l’industrie. Il s’imposa des années d’apprentissage du tissage, de la teinture (naturelle), de l’imprimerie pour mettre au point des produits que ses employés élaboreraient en mettant dans l’ouvrage leur créativité et leur enthousiasme.
La visite de la William Morris Gallery est hautement recommandable, pour son intérêt en soi et aussi par ce qu’elle enseigne du moment où la Grande Bretagne est devenue empire.