Société3 octobre 20161Dans les colonnes du Monde

La lecture extensive du journal Le Monde est riche d’étonnements.

Lorsque je voyage en train de Bordeaux à Paris et retour, je consacre environ deux heures à une lecture exhaustive du journal le Monde. Je vais d’étonnement en étonnement.

Dans l’édition du dimanche 25 et lundi 26 septembre, je suis captivé par la chronique de Sylvie Kaufman, intitulée « mensonges et transgressions ». « Donald Trump, écrit-elle, a généralisé une nouvelle technique dans le discours public, qui change tout : on peut dire à peu près n’importe quoi, ignorer les faits, tordre le cou aux chiffres, travestir la vérité, et même mentir éhontément sans que cela prête à conséquence. Ou plutôt, si : plus c’est gros, plus ça marche (…) Aux Etats-Unis, cette méthode a un nom : c’est la « politique post-vérité (« post-truth politics ») …

Donald Trump, un
Donald Trump, un spécialiste du « no-truth politics »

Ces bulles cognitives virtuelles qui nous enferment

En Europe, la « politique post-vérité » a assuré le succès des partisans du Brexit en Grande Bretagne ; en France, « aux transgressions du Front National il faut à présent ajouter celles du candidat Nicolas Sarkozy, qui n’épargne ni l’État de droit, ni le facteur humain dans le réchauffement climatique, ni nos ancêtres. »

Et Sylvie Kaufman ajoute : « le déclin de la parole des experts (et des journalistes) va de pair avec la révolte contre les élites, donnée fondamentale dans les campagnes électorales de 2016. Quant aux algorithmes utilisés sur Internet et les réseaux sociaux, ils ont abouti à la formation de « bulles cognitives », qui confinent les citoyens dans un environnement intellectuel et médiatique où tout le monde pense de la même manière, sans être confronté à des informations contradictoires. Il devient de plus en plus difficile de réfuter les mensonges. »

Dans ce numéro figure aussi un article approfondi sur l’impasse stratégique dans laquelle s’est enferré le PKK, le parti des travailleurs du Kurdistan. Après avoir remporté une victoire contre Daesch à Kobané, en Syrie, la direction du PKK a décidé d’appliquer les mêmes recettes de guérilla urbaine contre l’armée turque. Le résultat a été une répression féroce et l’écrasement de villes kurdes sous les bombes, ce qui a coupé le mouvement de sa base populaire.

Une carte indique l’ampleur du peuplement kurde sur trois États, la Syrie, l’Irak et la Turquie et, dans ce dernier pays, pas seulement dans l’est du pays, mais dans de nombreuses régions d’Anatolie.

Attentat du PKK à Ankara
Attentat du PKK à Ankara

L’adieu au volant

Un dossier s’intitule « l’adieu au volant ». « Ta voiture, elle a le permis ? annonce le titre du dossier. « Ce n’est pas de la science-fiction : nos voitures roulent déjà presque toutes seules. Exit le « plaisir de conduire ». Une petite révolution qui chagrine certains nostalgiques, mais libère les mains et l’esprit ». L’article cite Guillaume Devauchelle, vice-président de l’équipementier Valéo : « on s’est remis de la disparition de la manivelle ou du starter, et ceux qui ont connu la boîte de vitesses automatique ne veulent surtout pas revenir à la boîte manuelle (…) Le besoin de connexion avec l’extérieur est tellement fort que, pour beaucoup de gens, conduire se résume désormais à une perte de temps pure et simple. » Le Monde indique que si la boîte automatique est encore minoritaire en Europe, sa part ne cesse de progresser. En France, elle dépasse 20% des immatriculations et sa diffusion a été multipliée par trois en dix ans malgré un surcoût généralement compris entre 1000 et 1500 euros.

Enfin, cette information économique : « en 2015, pour la première fois, la Chine est devenue exportatrice nette de capitaux. Autrement dit, ses investissements à l’étranger (146 milliards de dollars) excèdent les investissements directs étrangers en Chine (136 milliards de dollars).

Le Monde nous fait entendre les grands vents et les craquements de notre monde, qui change à une vitesse inouïe.

One comment

  • Benoît

    11 octobre 2016 at 15h20

    Le Monde, ah! Le Monde.
    J’ai lu Le Monde depuis ma classe de 1ère (1966 ouh là là…) jusqu’en 2011 quasi quotidiennement. Donc pendant 44 ans. Et puis j’ai arrêté. D’un seul coup, comme la cigarette (que j’ai fumée moins longtemps). J’ai arrêté car j’ai été fatigué de cette lente mais inexorable dérive sectaire, de la propension à délivrer des brevets de démocratie et de la peur de passer à coté d’un évènement fondateur, qui lui fait porter aux nues des nanards et tomber dans tous les pièges de la pensée unique et de la boboïsation.
    Je note d’ailleurs que je ne dois pas être le seul car la diffusion du Monde et ses résultats financiers ne sont pas brillants, ce qui permet à ses riches actionnaires-mécènes de s’acheter une bonne conscience.
    Mais je ne souhaite pas la mort du petit cheval,de peur d’être accusé de vouloir porter atteinte à la diversité de la presse. Et, comme dit ma gardienne « Il en faut pour tous les (dé)goûts »

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