Dheepan

« Dheepan », film de Jacques Audiard, a reçu cette année la Palme d’Or au Festival de Cannes.

« Transhumances » a rendu compte de deux films de Jacques Audiard, « un prophète » et « de rouille et d’os », l’un et l’autre remarquables. « Dheepan » s’illustre, comme les précédents, par la capacité du réalisateur à se plonger dans des univers spécifiques (la prison, le handicap, ici l’immigration) dans lesquels la violence est prégnante.

Dheepan (Anthonytshasan Jesuthasan) est un soldat de la guérilla tamoul au Sri-Lanka. Il a déserté après que son bataillon a été décimé. Dans un camp de réfugiés, il cherche une femme et une fillette qui acceptent de se glisser avec lui dans l’identité d’une famille qui a été massacrée. Yalini (Kalieaswari Srinivasan) et Illayaal (Claudine Vinasithamby) acceptent de jouer le jeu. Munis de ces passeports usurpés, les trois parviennent à s’envoler pour la France et à obtenir le statut de réfugiés.

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Dheepan trouve un travail de concierge dans une cité HLM entièrement peuplée d’immigrés. Malgré les difficultés de langue, il réussit dans son travail ; Yalini sert d’aide de vie à un homme maghrébin impotent ; Illayaal s’avère une élève brillante et intègre une classe normale au bout de quelques mois.

Tout irait pour le mieux si la cité ne vivait pas sous la coupe de trafiquants de drogue. Il y a pour Dheepan et sa « famille » le risque des balles perdues. Il y a surtout le risque que la tentation d’une richesse facile ne fasse basculer Dheepan dans l’engrenage des gangs, l’amène à renouer avec la violence qui l’a fait fuir son pays.

Dheepan, Yalini et Illayaal vivent sous le même toit. Il y a le désir sexuel de l’homme pour la femme et réciproquement, et aussi l’envie d’Illayaal d’avoir de vrais parents, comme les autres enfants. Mais le rêve de Yalini de quitter la cité corrompue pour une Angleterre de rêve où sa nièce pourrait l’accueillir, ainsi que l’horreur que lui inspire le rapprochement de Dheepan des trafiquants sans scrupule créent un gouffre entre les deux partenaires de ce « couple » réuni par les hasards de la vie.

« Dheepan » n’est peut-être pas le meilleur film de Jacques Audiard. En particulier, son « happy end » réel ou rêvé après une scène de guerre civile manque de crédibilité. Mais le réalisateur a le mérite de jeter un regard en profondeur sur l’immigration, à un moment où le sujet est au premier rang de l’actualité.

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