Arte TV vient de diffuser un beau film allemand de Caroline Link : « Fugues marocaines ».
Heinrich (Ulrich Tukur), metteur en scène réputé, est invité à Marrakech dans le cadre d’un festival de théâtre. Il demande à son fils de dix-sept ans, Ben (Samuel Schneider), de le rejoindre en profitant des vacances scolaires d’été qui viennent de commencer.
Ben aurait préféré voyager en France avec ses copains. Sa frustration est accrue par le comportement de son père qui, lorsqu’il ne travaille pas, se consacre à la lecture sur le bord de la piscine d’un luxueux hôtel. Des techniciens de théâtre proposent de lui faire découvrir le vrai Marrakech. Il se trouve dans les bras d’une prostituée, Karima (Hafia Henzi). Il en tombe raide amoureux, et la fille est touchée par la fraîcheur et la sincérité du garçon. Il la suite jusque chez ses parents, dans un village de l’Atlas.
Heinrich se met à la recherche de Ben, que son diabète rend vulnérable. À vrai dire, c’est la première fois qu’il se préoccupe vraiment de son fils, qu’il a négligé avant et après son divorce d’avec la mère du garçon. Il faudra une crise d’hypoglycémie et un accident de voiture en pleine montagne marocaine pour que père et fils se reconnaissent.
« Fugues marocaines » est un film splendide par ses images somptueuses, par le jeu tout en délicatesse des acteurs, et aussi par sa pénétration dans la société marocaine, loin de clichés de cartes postales. Comme les prostituées de « Much Loved », Karima est une femme digne. Les pasteurs et paysans de l’Atlas mènent une vie rude, mais ils viennent au secours des naufragés de la route et leurs enfants débordent de vitalité et de curiosité.