« La colère du tigre », pièce de Philippe Madral, a été récemment donnée au Pin Galant, salle de spectacle de Mérignac.
En 1923, Georges Clémenceau (Claude Brasseur), auréolé de son surnom de « père la victoire » mais lourd de ses 82 ans attend la visite de son ami, le peintre Claude Monet (Yves Pignot). Les deux hommes se sont connus dans les années 1860, étudiants, dans les cafés du quartier latin, unis par leurs convictions républicaines et anti-bonapartistes. Ils partagent une longue amitié.
Mais voilà qu’un différend les sépare. Clémenceau a obtenu de haute lutte que l’Orangerie des Tuileries accueille les « nymphéas » de Monet. Mais Monet, atteint de cataracte, incapable de discerner correctement les couleurs, se refuse à terminer et de livrer son œuvre. Il craint que le résultat désastreux qu’il attend entache définitivement sa réputation et ruine l’œuvre de sa vie. Le « tigre », autre qualificatif de Clémenceau en hommage à son patriotisme obstiné pendant la grande guerre, pousse la colère au point de rompre (provisoirement) avec son ami.
La pièce de Philippe Madral fait revivre ces deux personnages exceptionnels, le politicien acharné et le peintre innovant. Deux autres face-à-face la parcourent : celui de Clémenceau avec sa bonne (jouée par Marie-Christine Danède), une solide paysanne qui ne se laisse pas impressionner par la personnalité de son maître et gouverne la maison d’une main de fer ; et celui qui le met aux prises avec Marguerite Baldensperger (Sophie Broustal).
C’est d’abord d’une relation platonique, faite d’admiration intellectuelle mutuelle qu’il s’agit : Marguerite aide Georges à écrire un livre sur Démosthène, Georges apprécie la vivacité de cette femme de quarante ans sa cadette. Mais grâce à Monet, qui pousse son ami à dépasser l’inhibition de se sentir un vieux décrépi, c’est d’amour total qu’il s’agira. Marguerite doit surmonter le traumatisme du suicide de sa fille, dont elle se sent coupable. « Je vous aiderai à vivre, vous m’aiderez à mourir, voici notre pacte », propose Clémenceau à Baldensperger.
Une réflexion sur « La colère du tigre »