Société28 juillet 20210La fine fleur

« La fine fleur », film de Pierre Pinaud avec Catherine Frot dans le rôle principal, raconte la rédemption d’une cheffe d’entreprise menacée de faillite et de trois blessés de la vie en contrat d’insertion.

 Ève (Catherine Frot) a hérité de l’entreprise de production de roses créée par son père, décédé il y a quinze ans. L’entreprise périclite. Tous les salariés ont été licenciés, sauf la secrétaire, Véra (Olivia Côte).

 Véra prend une initiative audacieuse : recruter trois personnes en insertion, sans aucune formation en horticulture. L’équipe est hétéroclite : Fred (Melan Omerta) est en sursis probatoire après des condamnations pour cambriolages ; Nadège (Marie Petiot) semble toujours apeurée ; Samir (Fatsah Bouyahmed), qui a une vingtaine d’années de plus que ses coéquipiers, n’a toujours pas trouvé sa place dans le monde.

L’entreprise pourrait être sauvée si elle remportait le prestigieux concours de Bagatelle. Il s’agit de concevoir et de produire, par hybridation d’une étamine (mâle) et d’un pistil (femelle) de deux roses différentes, une rose exceptionnelle par son coloris, son parfum ou sa résistance aux maladies. Il faudrait aussi se bagarrer pour assurer les fins de mois du semis à l’hybridation et à la floraison de la fleur exceptionnelle que l’on y présentera.

 Pierre Pinaud reconnaît la parenté de son film avec « la part des anges » de Ken Loach. Un groupe de gens cabossés par la vie, de losers, se trouve soudain confronté à l’excellence : ici, la production de fleurs avec un haut standard de qualité, là un whisky d’une exceptionnelle qualité. C’est aussi la rencontre avec la beauté : les teintes et la fragrance d’une rose, les teintes et la fragrance d’un alcool. C’est enfin la découverte de talents et de parcours professionnels possibles : chez Fred se révèle un odorat d’une précision stupéfiante, chez Robbie, une compétence de goûteur sans égale. Sur une recommandation d’Ève, Fred part en formation chez un parfumeur.

 « La fine fleur » est une bonne comédie, avec les ingrédients du genre : une rencontre improbable (celle d’une héritière et de gens nés du mauvais côté de la vie), la naissance d’un rêve, sa poursuite par des moyens légaux ou non, une catastrophe qui le réduit à néant, le coup de théâtre miraculeux. La plongée dans la fabrication d’une rose est fascinante. La scène dans laquelle, à l’entrée d’un cimetière à la Toussaint, s’opposent les vendeurs de chrysanthèmes et l’équipe d’Ève avec ses roses est un bon moment du film.

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