Cinéma2 février 20200La Vérité

Dans « La Vérité », le réalisateur japonais Hirokazu Kore-Eda met en scène une mère et une fille dans l’univers en trompe l’œil du cinéma.

Lorsque Fabienne (Catherine Deneuve) publie son autobiographie, sa fille Lumir (Juliette Binoche) accourt de New York avec son mari Hank (Ethen Hawke) et leur petite fille Charlotte.

C’est que tout est faux dans son récit. Alors que Fabienne se présente comme une mère aimante donnant la priorité à sa fille sur sa vie d’actrice, les souvenirs de Lumir sont tout autres : Fabienne était une personne égoïste, infatuée d’elle-même, prête à marcher sur les pieds d’amis intimes pour consolider sa carrière.

Fabienne emmène Lumir sur le tournage du film dans lequel elle joue actuellement. Il y est précisément question d’une relation mère – fille. Pour échapper au vieillissement et au cancer qui la menaçaient, la mère s’envole dans l’espace et revient sur terre tous les sept ans visiter les siens. Eux vieillissent, elle non : Fabienne, septuagénaire, est confrontée à sa mère trentenaire.

La confrontation de Fabienne, qui est une étoile déclinante, avec la jeune Manon (Manon Clavel) suscite en elle une puissante jalousie, qu’elle a déjà éprouvée dans le passé à l’égard d’autres actrices. Son angoisse est perceptible : le personnage se fissure, ses proches se révèlent durs et lointains, son avenir professionnel est incertain. Par habitude et par crainte, elle continue à jouer le jeu de la Diva insupportable. Le retour à la réalité la tente, mais elle en craint les blessures.

« La Vérité » n’est certes pas le meilleur film de Kore-Eda. Mais les scènes de tournage aux studios d’Épinay sont intéressantes, et le dialogue final entre mère et fille dans lequel elles semblent se retrouver est admirablement joué par deux grandes actrices. Le rebondissement final s’en trouve d’autant plus inattendu.

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