Economie15 février 20140Le Bitcoin a-t-il un avenir ?

La monnaie virtuelle expérimentale Bitcoin a fait récemment parler d’elle dans la presse. « Transhumances » fait le point.

 En octobre 2013, le Gouvernement américain a fait fermer le site Internet Silk Road, qui permettait d’acheter des drogues interdites avec, comme moyen de paiement exclusif, la monnaie virtuelle Bitcoin. En décembre, la Banque de France publiait une note qui alertait sur les dangers de cette monnaie. En janvier était arrêté à l’aéroport JFK de New York Charlie Shrem, 24 ans, vice-président de la Bitcoin Fundation, sous l’accusation de blanchissement d’argent et de complicité de trafic de drogue. Enfin, en février, plusieurs sites spécialisés dans la conversion de Bitcoins en devises officielles suspendaient les opérations en raison d’attaques de pirates informatiques (« hackers »).

 Bitcoin

Le Bitcoin, dans la ligne de mire des polices pour sa capacité à servir de support à des activités illégales, a-t-il un avenir ?

 Qu’est-ce que Bitcoin ?

 Et d’abord, qu’est-ce que le Bitcoin ? Son fonctionnement est expliqué en détail sur le site www.bitcoin.fr.

 Bitcoin est d’abord un logiciel écrit en 2009 par un ou plusieurs informaticiens sous le pseudonyme de Satoshi Nakamoto, ainsi qu’un protocole qui permet aux utilisateurs d’émettre des Bitcoins et de gérer des transactions de manière automatique. Le code source de ce protocole est ouvert, c’est-à-dire qu’il est disponible à tout programmeur souhaitant l’utiliser en combinaison avec les applications qu’il développe.

 Le système est décentralisé, ce qui signifie que toute personne ou organisation disposant d’une puissance de calcul suffisante peut y participer et créer de la monnaie. Il fonctionne « de pair à pair », sans qu’une banque centrale intervienne pour garantir son fonctionnement équitable et sa liquidité.

 L’objectif du logiciel et du protocole est de mettre à disposition des utilisateurs un moyen de paiement et une réserve de valeur spéculative. Comme moyen de paiement, le Bitcoin est accepté par un petit nombre de commerçants et, nous l’avons vu, sert aussi de support de transactions illicites en raison de l’anonymat qu’il garantit à ses acteurs. Comme réserve de valeur, c’est un placement hautement spéculatif. Sa valeur est passée de 47$ en mars 2013 à 978$ en décembre, avant de descendre à environ 500$ en février. La Banque de France souligne qu’aucune autorité publique ne garantit le prix ni la liquidité de la monnaie virtuelle.

 Les acteurs de Bitcoin

 Les acteurs de Bitcoin sont des plateformes Internet dont la plus active est MT Gox, qui permettent aux utilisateurs d’acheter et de vendre des Bitcoins contre des monnaies officielles et d’échanger des biens ou services contre des Bitcoins. Elles peuvent aussi créer des Bitcoins, dans des conditions strictement encadrées par les règles du logiciel.

 Les utilisateurs sont appelés « mineurs », car ils extraient du système ce minerai rare qu’est le Bitcoin. Lorsqu’ils achètent un Bitcoin, la transaction est protégée par des clés de sécurité, publique et privée, gérées selon de strictes règles cryptographiques. Chaque Bitcoin conserve l’historique de ses détenteurs précédents ; l’acquéreur nouveau ajoute sa signature électronique à la suite de celle de son vendeur.

 Bitcoin est un minerai rare, et donc spéculatif, car par construction sa quantité a été limitée à 21 millions d’unités. Les utilisateurs, regroupés le plus souvent en coopératives de mineurs (miners pools), peuvent créer des Bitcoins en proportion du nombre de transactions qu’ils génèrent et de la capacité de calcul de leurs ordinateurs. Le rythme de création est actuellement d’environ 50 Bitcoins toutes les 10 minutes. Il se ralentit progressivement, la fin du processus étant planifié pour 2040.

 Quel est l’avenir de Bitcoin ?

 Bitcoin, parce qu’il sert de vecteur à des activités criminelles, souffre d’une réputation sulfureuse. Il est possible que cette monnaie virtuelle expérimentale ne survive pas aux assauts des polices, des pirates informatiques et des régulateurs financiers, qui aimeraient au moins contrôler les plateformes qui la convertissent en devises officielles.

 Mais le principe d’une monnaie privée, dématérialisée, discrète, sans frontières, conçue selon un code source ouvert, protégée par un puissant système de cryptage, dotée d’un fort potentiel spéculatif, correspond bien à l’air du temps. Le phénomène va rester marginal et expérimental pendant quelques années. Mais d’autres monnaies virtuelles vont certainement naître et se développer. Elles vont négocier leurs relations avec les autorités gouvernementales et bancaires. Comme les engagements hors-bilan des banques avant la crise financière de 2008, les transactions monétaires entre pairs pourraient représenter un jour des montants considérables.

Charlie Stem, vice-président de la Bitcoin Fundation, récemment arrêté
Charlie Stem, vice-président de la Bitcoin Fundation, récemment arrêté

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