Cinéma28 avril 20141Nebraska

Dans « Nebraska », le réalisateur Alexander Payne raconte l’itinérance d’un père et de son fils dans les plaines du Nebraska, un état du nord-ouest des Etats-Unis. Le père était à la poursuite d’un trésor chimérique. Le fils découvrira en chemin un trésor : la connaissance de son père.

 Woody Grant (Bruce Dern) approche des quatre-vingts ans, n’a plus toute sa tête et se fait houspiller du matin au soir par sa redoutable épouse Kate (Jane Squibb). Il s’est mis en tête une idée, une seule : récupérer le million de dollars que, selon une lettre reçue à son domicile, il a gagné à une loterie. Avec cet argent, il achètera une camionnette et un compresseur. Sa femme et ses deux fils lui expliquent qu’il s’agit évidemment d’une arnaque, et que même à supposer qu’il devienne millionnaire, il n’aurait que faire d’une camionnette puisqu’il a perdu son permis de conduire… Woody n’en démord pas. Il ira à pied s’il le faut à Lincoln pour récupérer son gain. Mais Lincoln est à 1.500 km du Montana, où ils vivent.

Bruce Dem et Jane Squibb dans Nebraska
Bruce Dem et Jane Squibb dans Nebraska

David, l’un de ses fils, consent finalement à l’accompagner, en partie résigné à la folle obstination de son père, en partie curieux de ce que le voyage va lui révéler.

 David et son père font étape chez la sœur de Woodie, dans le lieu où celui-ci a vécu jusqu’à son mariage. La nouvelle que l’enfant du village est sur le point de devenir immensément riche fait sensation. Elle suscite aussi des jalousies et des envies. On se précipite pour rappeler à Woodie ses dettes réelles ou supposées. On oublie qu’il a toujours été la générosité même, donnant sans compter jusqu’à s’en appauvrir.

 D’une rencontre à l’autre avec les gens du village, David découvre la jeunesse de son père, un homme taiseux qui ne s’est jamais livré, jamais glorifié et jamais plaint : sa guerre en Corée, ses flirts, le garage qu’il gérait avec un associé malhonnête. C’est le portrait d’un homme profondément bon et droit qui se dégage peu à peu.

La loterie dont Woodie pensait avoir gagné le gros lot s’avère naturellement un attrape-gogo. Mais David s’arrangera pour offrir à son père une ultime satisfaction et une ultime victoire.

 Tourné en noir et blanc, « Nebraska » est un film magnifique. Les paysages sont photographiés de manière superbe. Le jeu des acteurs est remarquable. Celui de Bruce Dern d’abord, récompensé au festival de Berlin, mais aussi celui de Will Forte, convaincant dans son rôle de fils étonné par ce qui se révèle la personnalité de son père, et Jane Squibb, impressionnante dans son rôle d’épouse tendre derrière son masque de harpie.

One comment

  • Benoît CLAIRE

    5 mai 2014 at 9h31

    Oui, Xavier, Nebraska est un film magnifique, qui réconcilie avec le cinéma américain; il démontre qu’il reste un espace à coté des blockbusters hollywoodiens très convenus, voire, parfois, franchement débiles.
    A noter aussi que Nebraska est un film à rythme lent, qui s’accorde à la monotonie (ou pas) des paysages. La scène où les deux neveux, idiots du village obèses, commentent la vitesse, ou plutôt la lenteur avec laquelle leur tonton se déplace, devrait rester comme une scène d’anthologie.

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