Dans « sous l’écorces des jours », recueil de poèmes paru en 2016 au Corridor bleu, Agnès Gueuret cherche à faire entendre au lecteur le chant qui habite le monde.
« Transhumances » s’est fait l’écho des ouvrages précédents d’Agnès Gueuret, en particulier « sous le figuier » et « les jougs de Jérémie ». Leur projet était de transcrire les textes de la Bible dans une poésie accessible aux lecteurs de maintenant et nourrie de notre actualité : à la déportation à Babylone fait écho l’odyssée des migrants ; aux tribulations d’hier, les guerres d’aujourd’hui.
En écrivant « sous l’écorce des jours », l’auteure s’est affranchie de la référence aux sources bibliques, encore que ses poèmes soient nourris par la méditation quotidienne des paroles de violence et de paix, de jugement et de pardon, d’élection et d’universalité que porte la tradition prophétique. Elle écrit les émotions que lui inspirent un paysage, une rencontre, une nouvelle de journal.
Voici par exemple les jardins ouvriers de Roosendaal :
Au coin d’une friche
quelques plantations
à géométrie variable.
Route, canal : parallèles
peupliers : hauteurs
jardinets : carrés
Échanges d’été ;
terreau pour l’automne ;
avec le voisin, partages.
Voici, observée d’une fenêtre, une femme africaine :
En sa peau noire,
son sarrau ciel,
ses sandalettes,
elle ressemble
à une barque,
gondole svelte
fendant les flots,
sûre du havre.
Enfin, ce qui pourrait constituer le programme de ce beau livre, et de toute une vie :
Prononcer des mots justes,
passer faisant le bien,
porter sans cesse un regard de bonté
sur l’homme rencontré
quelle que soit son origine
ou sa teinte de peau,
de foi ou de pensée.