Tel père tel fils

« Tel père tel fils », film du réalisateur japonais Hirokazu Kore-eda, nous invite à réfléchir sur la filiation, biologique et affective.

 Deux bébés sont échangés à la naissance. Ils sont élevés dans une autre famille. L’une de ces familles est aisée et traditionnelle, l’autre pauvre. Quelques années plus tard, la vérité éclate et, avec elle, la question de quelle est la « vraie » famille des enfants.

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Deux familles au destin croisé

On reconnaîtra là le thème de « la vie est un long fleuve tranquille », réalisé par Etienne Chatiliez en 1988. Mais alors que le film français enfourchait gaillardement le cheval de la grosse comédie, c’est avec pudeur que Kore-eda traite le drame des familles Nonomiya et Saiki, qui ont élevé Keita et Ryusei, fils de l’autre famille.

 Keita est le seul enfant de Ryota et Midori Nonomiya ((Masaharu Fukuyama et Mahiko Ono). Ils vivent dans un luxueux appartement de Tokyo. Ryota fait une brillante carrière dans une grande entreprise. Il entend transmettre à Keita les valeurs du travail, de la discipline, de l’excellence. Mais Keita est d’un tempérament rêveur et ne correspond en rien à l’idéal de son père. Lorsqu’il s’avère que Keita n’est pas son fils biologique, « tout s’explique »…

 Ryusei est l’aîné des trois enfants de Yudai et Yukari Saiki (Lily Franky et Yoko Maki). Yudai gagne petitement sa vie comme revendeur d’articles électriques. C’est une famille où on prend le bain tous ensemble, où on construit des cerfs-volants, où l’on prend le temps de réparer un jouet cassé.

 Ryota est persuadé de la supériorité de son mode de vie. Les Nonomiya sont du côté des winners, les Saiki du côté des losers. Pourtant, ce n’est pas ainsi que les enfants le ressentent : chez les Saiki, la chaleur, l’imagination, la poésie ; chez les Nonomiya, une ambiance aseptisée, l’absence du père, la solitude.

 Ses deux fils, adoptif et biologique, vont imposer à Ryota une « transhumance » des hauteurs de l’arrogance vers une plaine d’humilité. Faisant défiler les images de son appareil de photos, il découvre des clichés que Keita a pris de lui dans son sommeil. Enivré par la réussite sociale, les yeux fermés, il n’a pas su voir son fils ; son fils au contraire a pris le temps de le regarder pendant son sommeil.

 « Tel père tel fils » est un film remarquable. Spielberg, président du Festival de Cannes qui lui décerna le prix du jury en 2013, en a acheté les droits pour faire un « remake ». Je ne suis pas sûr que ce soit nécessaire. Dans notre monde globalisé, le Tokyo dans lequel évoluent les personnages n’est pas vraiment différent d’une métropole européenne ou américaine.

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Ryota avec Keita, le fils qu’il a élevé

Une réflexion sur « Tel père tel fils »

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