La Cité de l’architecture et du patrimoine du Palais de Chaillot, à Paris, présente jusqu’au 21 septembre une magnifique exposition intitulée « Chagall, Soulages, Benzaken… le vitrail contemporain ».
J’ai été émerveillé ces dernières années par les vitraux installés par des artistes contemporains dans des sanctuaires anciens : Chagall à Mayence, Reims et Chichester ; Soulages à Conques ; Stéphane Belzère à Rodez ; John Piper à Bristol… L’exposition au Palais de Chaillot met cet art en perspective.
Jusqu’à la seconde guerre mondiale, les codes du vitrail religieux étaient rigides : seul le figuratif était admis, selon une esthétique saint-sulpicienne. Les destructions subies pendant la guerre rendirent nécessaire le remplacement de nombreux vitraux. Dans le bouillonnement qui précéda et suivit le concile Vatican II, l’esthétique religieuse changea profondément : on attend du vitrail, dit le catalogue de l’exposition, qu’il immerge le fidèle dans une atmosphère spirituelle propice à la méditation, en privilégiant les langages de l’abstraction, de la non figuration et les jeux sur des motifs symboliques ou purement décoratifs.
La cathédrale de Metz fut le premier édifice classé Monument Historique a recevoir une verrière d’artistes contemporains, en particulier Marc Chagall. La cathédrale de Nevers, avec ses 1052m² de vitraux inaugurés en 2011, constitue un exemple frappant de ce renouveau du vitrail religieux.
L’exposition présente 130 œuvres réalisées pour 44 édifices différents. « Le vitrail, dit le catalogue de l’exposition, jouit d’une relations privilégiée avec la lumière. Il a le pouvoir de la distribuer plus ou moins largement afin de créer l’atmosphère d’un lieu, qu’il s’agisse d’un édifice civil ou religieux, ancien ou moderne. » Le vitrail résulte d’une recherche sur le matériau, plus ou moins opaque et homogène, selon l’objectif de l’artiste. Il procède aussi d’un travail sur la couleur, qui produit sur le spectateur l’effet d’une gamme majeure ou mineure sur l’auditeur d’une symphonie.
Plusieurs films sont projetés dans le cadre de cette exposition. J’ai été impressionné par celui consacré aux verrières des « marcheurs » et des « regardeurs » réalisées par Collin-Thiébaut à Tours. L’artiste parle de son processus créatif. Il nous présente aussi les différentes phases de la production des vitraux, dans lesquelles l’ordinateur et le laser ont une bonne part.