Livres21 février 20140Plonger

Dans « Plonger » (Gallimard, 2013), Christophe Ono-dit-Biot raconte une histoire d’amour qui, après la naissance de l’enfant, tourne à la catastrophe. Ce livre a obtenu le grand prix du roman de l’Académie Française.

 César, journaliste et écrivain (comme Ono-dit-Biot lui-même), écrit à son fils Hector, encore tout petit garçon, un témoignage sur la mère, Paz. Celle-ci a été retrouvée morte sur une plage d’un Émirat arabe. Elle y était partie quelques mois plus tôt pour plonger avec les requins.

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Paz est une splendide jeune femme originaire des Asturies. Photographe, son sujet de prédilection est les scènes de plage. Premier malentendu : César écrit un article dithyrambique qui lance la carrière de Paz, mais celle-ci lui reproche d’avoir vu du bonheur dans ses photos, alors qu’elle a voulu exprimer des solitudes juxtaposées.

 Malgré cette fausse note, c’est une histoire d’amour passionnel qui commence. Paz fait découvrir son pays à César. C’est au fond d’une mine de charbon près de Gijón qu’ils font l’amour une première fois. Les profondeurs, déjà.

 Paz devient une photographe connue. Son sujet maintenant, c’est le public des musées contemplant les œuvres d’art. Son travail est exposé à la Biennale de Venise. C’est à Venise que le couple de Paz et César commence à se fissurer. C’est aussi à Venise qu’est conçu leur fils, Hector.

 Paz se passionne pour les requins, espèce en voie d’extinction du fait de l’absurde violence des humains. Elle a adopté un squale et suit ses déplacements dans les mers du monde grâce au GPS fixé sur son corps ; elle le considère comme son premier fils, et César ne peut l’accepter.

 Paz étouffe dans la vieille Europe, et rêve du vaste monde. César partage son point de vue : l’Europe est en train de mourir. Mais témoin du Tsunami 2004 et enlevé par le Hezbollah au Liban pour un contrôle d’identité qui aurait pu tourner au meurtre ou à la prise d’otage,  il refuse le risque des grands voyages. Au soir d’une exposition au Louvre qui la consacre comme artiste internationale, Paz prend congé. Elle s’envole pour le Golfe Arabique, prend une nouvelle identité, se livre corps et âme à la plongée sous-marine. Elle n’en reviendra pas.

 Ce que j’ai aimé dans ce livre : les descriptions de l’amour de Paz et César, brûlantes de sensualité ; le voyage initiatique de César dans les Asturies ; la Biennale de Venise et son microcosme d’artistes branchés.

 Ce que j’ai moins aimé : l’autisme des deux personnages principaux, César crispé sur son refus de sortir de l’Europe pour des raisons de sécurité pour le moins discutables, Paz dévorée par la passion des requins ; et aussi la vision noire du monde en général, de l’Europe en particulier, que les protagonistes condamnent sans appel.

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