ActualitéIle de la Réunion19 octobre 20161Biodiversité à La Réunion

L’Île de La Réunion fait partie des 34 « points chauds » de la biodiversité mondiale.

L’essor des voyages aériens et le développement d’internet soulagent le sentiment d’isolement insulaire que déploraient souvent les Réunionnais. Mais bien avant que la technologie élargisse leur horizon, ceux-ci étaient environnés d’une profondeur abyssale : la flore de l’île est incroyablement riche et diversifiée. On y trouve des plantes d’altitude et de plaine, adaptées aux pluies tropicales comme à la grande sécheresse, habiles à se protéger des brûlures du soleil comme de la violence des cyclones.Gislein, un ancien professeur de sciences de la vie et de la terre, a accepté de nous servir de guide sur le Sentier du Bon Accueil, dans la forêt qui surplombe le village des Makes, à une altitude un peu supérieure à 1 000m. C’est un homme passionné, qui regrette que beaucoup de jeunes préfèrent la connaissance virtuelle du milieu naturel à son expérience sur place, avec la sueur, les fragrances, le toucher d’une feuille râpeuse ou veloutée, les piaillements d’oiseau, la sensation d’humidité sur la peau, les jeux du soleil et de l’ombre dans la canopée.

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On dénombre à La Réunion plus de 800 espèces indigènes (c’est-à-dire arrivées sur l’île avant son peuplement par l’homme), dont plus de 200 espèces endémiques (c’est-à-dire ayant subi une évolution génétique pour s’adapter au milieu, et donc unique au monde). Ghislein nous explique que les premiers habitants désignaient les arbres et arbustes sous le nom de « bois » : bois de fer, bois de senteur etc. En revanche, les espèces importées étaient désignées sous le nom de « pied » : pied de banane, de mangue etc.

L’enchevêtrement des espèces est tel que les entendre dénommer laisse un sentiment de frustration : on a à peine entendu le nom d’une plante qu’une autre la supplante dans la mémoire. Il me restera au moins trois souvenirs.

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Un ficus, ployé par les cyclones, s’est construit ses propres « béquilles »

Je me souviendrai de l’ingéniosité des ficus, qui malmenés et couchés par des cyclones, sont capables de générer des béquilles qui les appuient au sol et leur permettent de reprendre leur quête de verticalité.

Je me souviendrai des plantes épiphytes. Elles sont supportées par d’autres plantes. Elles ne sont pas parasites : elles ne se nourrissent pas de la sève de leur hôte, elles se servent seulement de lui comme d’un ascenseur vers la lumière. Il arrive toutefois qu’elles grandissent tellement qu’elles l’écrasent, de sorte qu’il ne sert plus que de socle à ce « collet monté ».

Enfin, je me souviendrai du lien entre les plantes et l’histoire. L’un des « bois » s’appelle « bois de négresse ». Pourquoi ? parce que les effets abortifs de potions de feuilles de cette plante avaient attiré l’attention des maîtres blancs qui avaient abusé de leurs esclaves noires.

Amis réunionnais, vous vivez sur une mine d’or. D’or vert.

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« Bois de négresse »

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