Le Trône Vide

« Il Trono Vuoto » (le Trône Vide) est le premier roman de Roberto Andò et la source de son film « Viva la Libertà ».

 Lorsque le Secrétaire du principal parti d’opposition, lassé de l’insignifiance de la vie politique et écœuré par des sondages désastreux, disparait sans laisser de trace, les apparatchiks ont l’idée de le remplacer par son frère jumeau. Celui-ci, fraîchement sorti de l’hôpital psychiatrique, cite dans ses discours Goethe et Brecht, apporte un souffle nouveau, fait rebondir les sondages et remplace son jumeau jusque dans le lit de sa femme.

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Pour Anna, la femme d’Enrico Oliveri, sa soudaine disparition est un choc. Elle ne pouvait imaginer un tel coup de volant dans la trajectoire d’un « homme qui jusque là n’avait rien fait de net, rien que ne fût le va et vient exténuant et flou d’un esprit en perpétuel état d’hésitation ».

 « Rien » est sans doute le mot qui caractérise le mieux Oliveri, qui n’a choisi la carrière politique que pour échapper à l’ennui, convaincu que la politique n’est pas faite de passion mais qu’elle est le travail idéal pour qui ne veut pas vivre.

 « Peut-être que pour lui la politique était justement ce rien. Pas toujours, mais maintenant certainement. Qu’est-ce qui définissait l’homme politique, aujourd’hui, sinon ce contact sensuel avec le rien ? Le rien qui s’infiltrait dans chaque intention, qu’elle fût bonne ou mauvaise, et en érodait toute substance. Par une mystérieuse alchimie entre le talent et l’indolence qui caractérisait sa façon d’agir, il avait su profiter de ce rien et en avait tiré l’énergie que tous, même ses ennemis, lui avaient toujours reconnue. Une énergie opaque, molle, infiniment subtile. Une énergie directement proportionnelle au rien. »

 « Nous les hommes politiques d’une époque post-politique, nous sommes seulement capables d’administrer l’exiguïté d’une marge étroite au point de ressembler au rien. En se conformant à ce rien, la gauche a perdu son âme et a livré notre pays à la mort. Notre politique coïncide avec la nécrologie des illusions qui meuvent le monde. »

 Ce qui fascine le public dans le jumeau d’Oliveri, ce qui va faire gagner les élections au parti d’opposition, c’est un discours qui se dresse face à l’inéluctable et dit non. Mais n’est-ce pas l’ultime avatar d’une politique frivole qui ne cesse de jouer avec le rien ? Le discours du faux Oliveri ne contient aucune analyse, aucun programme d’action, aucune priorité. Il est totalement vide. « Aujourd’hui, dit Oliveri, je me demande pourquoi les gens de se méfient pas de qui sait bien parler en public. Des orateurs fascinants. Des orateurs irrésistibles. Ceux qui en toute circonstance pratiquent l’illusionnisme le plus atroce, donnant aux gens l’illusion qu’ils peuvent contenir avec les mots le chaos et la douleur du monde, qu’ils savent gérer l’impossible. »

 « Il trono vuoto » diffuse un pessimisme noir sur la politique en Italie et au-delà, mais sous l’aspect d’une fable légère, drôle et plaisante.

Toni Servillo dans "Viva la Liberta", film inspiré du roman "Il Trono Vuoto"
Toni Servillo dans « Viva la Liberta », film inspiré du roman « Il Trono Vuoto »

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