PolitiqueSociété21 avril 20180Je suis Martin Luther King

À l’occasion du cinquantième anniversaire de la mort de Martin Luther King, France Ô a diffusé un documentaire de Michael Hamilton et John Barbisan : « je suis Martin Luther King » (2018).

Martin Luther King Jr (1929 – 1968) est entré dans le combat pour les droits civiques lors de la lutte initiée par Rosa Parks à Montgomery (Alabama) en 1955. Rosa avait refusé l’ordre d’un chauffeur de bus de laisser sa place à un blanc. La grève des bus qui en suivit, animée par Luther King, dura 385 jours et aboutit à l’abolition de la ségrégation dans les transports en commun.

Il a quitté la scène en 1968, assassiné à Memphis à l’âge de 50 ans. Il était resté 13 ans le leader incontesté des droits civiques, couronné par le prix Nobel de la Paix. Le documentaire d’Hamilton et Barbisan comporte de nombreuses images d’archives des luttes menées pendant ces treize années : Albany (1965), Birmingham et Washington (1963), Selma (1965).

1955

Il donne aussi la parole à des camarades de combat de Luther King. Il est entrecoupé de negro spirituals.

L’appel aux negro spirituals est légitime. Fils du pasteur baptiste Martin Luther King Sr, King Jr est aussi pasteur. La foi chrétienne est moteur de son action. Les références au paradis, au péché, à l’espérance sont légions dans ses discours. Elle fonde sa pratique non-violente : aimer son ennemi, c’est ne pas le laisser nous piéger dans la cage de sa haine, c’est l’obliger à se dépasser et à extérioriser l’humanité que Dieu a caché en lui.

La référence à la Bible est aussi politiquement puissante : elle ne peut qu’être comprise par une grande partie de l’opinion blanche, alors que les pères fondateurs de l’Union s’en inspiraient directement. L’un des témoins interrogés dans le film considère d’ailleurs King comme l’un des derniers pères fondateurs.

3 avril 1968

On est saisi par le charisme de Martin Luther King, par la persuasion de son verbe, par son audace face à la violence policière. À partir de 1965 toutefois, son combat se fait plus difficile. C’est qu’il n’est plus focalisé sur les droits civiques des noirs. King s’attaque à d’autres injustices : celle qui est faite aux pauvres, victimes de discriminations dans l’accès au logement ; celle qui est faite aux Vietnamiens par la guerre d’agression menée par son propre pays.

Pour beaucoup, King apparaît désormais comme un communiste, comme un traître à sa patrie. Il est épuisé, déprimé. Son confident Clarence Benjamin Jones, envisage de demander l’aide d’un psychiatre ; il y renonce par crainte que le FBI, acharné à entraîner la perte de King, y trouve le moyen de le manipuler.

Une scène terrible est celle qui se déroule le 3 avril 1968, veille de l’assassinat. À bout de forces, rongé par le doute, King finit par accepter de prendre la parole dans un temple. Son regard anxieux balaie l’assistance, comme à la recherche du sniper qui va le tuer. Il est conscient de ce qui l’attend : « j’ai vu la terre promise ; il est possible que je n’y aille pas avec vous. »

Carrefour des boulevards Martin Luther King Jr et Rosa Parks à Detroit

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