Cinéma29 avril 20150Journal d’une femme de chambre

Dans « journal d’une femme de chambre », Benoît Jacquot propose un intéressant portrait de femme, avec dans le rôle principal Léa Seydoux.

 En 1964, Luis Buñuel avait adapté au cinéma le roman « journal d’une femme de chambre », publié par Octave Mirbeau en 1900. Benoît Jacquot succède à Buñuel dans le rôle du réalisateur, Léa Seydoux à Jeanne Moreau dans celui de Célestine.

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Célestine (Léa Seydoux) accepte, avec réticence, de prendre une « place » de femme de chambre chez un couple habitant un manoir en province. Elle se trouve en butte au dressage de la maîtresse de maison (Clotilde Mollet) qui la traite de haut, n’a pour elle aucune parole de remerciement, et n’hésite pas à lui faire gravir plusieurs fois au pas de course les escaliers pour chercher successivement l’aiguille, le fil et les ciseaux. Elle doit aussi se défendre contre les avances sexuelles pressantes du maître de maison

 Tout rappelle tout le temps à Célestine qu’elle n’est qu’une boniche, une moins que rien. Pourtant, elle résiste intérieurement et exhibe extérieurement la beauté et l’élégance d’une princesse. Elle hait les maîtres qui la briment. Elle est décidée à sortir de sa condition.

 Le moyen en sera Joseph (Vincent Lindon), un homme discret, palefrenier au service de ses maîtres depuis trente ans, un service irréprochable. Célestine devine peu à peu la face obscure de Joseph : son anti dreyfusisme et antisémitisme viscéral ; le fait qu’il est probablement l’auteur du viol d’une petite fille dans une forêt voisine ; ses projets d’établir à Cherbourg un café qui sera aussi un hôtel de passe pour les marins de passage.

 Célestine est bien décidée à ne pas rater l’occasion que lui offre Joseph. Plus par vengeance sociale que par amour pour lui, elle le suivra jusqu’au crime.

 Grâce à l’interprétation de Léa Seydoux, le film rend palpable l’ambigüité de cette jeune femme belle, prête à servir sans compter qui saura l’aimer, effondrée lorsqu’elle apprend la mort de sa mère et se découvre seule au monde ; mais aussi rancunière, calculatrice, immorale. La photographie met en valeur le corps de l’actrice, décèle les sentiments dans les imperceptibles mouvements de son visage.

 Le film de Benoît Jacquot ne manque donc pas de mérite. Mais il reste assez conventionnel, trop peu créatif pour soutenir l’intérêt du spectateur pendant 1h35mn.

 

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