Cinéma30 octobre 20170Le chat

France 5 a récemment diffusé « Le chat », film de Pierre Granier Deferre (1971), avec Jean Gabin et Simone Signoret dans les rôles principaux.

Julien Bouin (Jean Gabin) et son épouse Clémence (Simone Signoret) vivent dans un pavillon de Courbevoie. Ils y ont été heureux. Leur maison était située au fond d’une impasse tranquille et verdoyante. Ils vivent maintenant un enfer. Les maisons d’un côté de la ruelle ont été rasées. Dans le terrain vague ainsi créé va s’édifier une tour du nouveau quartier d’affaires de La Défense.

Le quotidien de Jean et Clémence n’est plus que poussière, vacarme et vibrations. Ils sont menacés d’expropriation. Les coups de boutoirs d’un bélier sur un immeuble que l’on détruit, le passage rituel du camion d’ordures le matin sont le symbole de leur existence : elle va s’effondrer.

C’est que l’enfer que constitue leur couple est pire encore que celui de leur environnement. Julien était ouvrier typographe ; Clémence, artiste de cirque. Ils s’aimaient. Maintenant, avec le passage des années, ils se détestent. Ils vivent dans le huis-clos de leur maison menacée, mais ils ne partagent plus rien : ni le lit, ni même les repas que chacun prépare pour son propre compte.

Julien et Clémence sont murés dans une incommunication totale. Lorsque Julien adopte un chat, Clémence, qui ne trouve de secours à sa détresse que dans l’alcool, est possédée par la jalousie. Il lui faut se débarrasser de son rival, et retrouver ainsi un peu de place dans le cœur de son mari. Mais le meurtre du chat pourrait-il lui ramener son maître ?

Inspiré d’un roman de Simenon, « Le chat » est un film poignant et glaçant. Le face à face de Gabin et Signoret est impressionnant. L’actrice a écrit dans son autobiographie : « nous nous sommes tendrement aimés à nous haïr dans ce film. »

L’évocation d’une banlieue ouvrière qui disparait pour laisser la place au quartier de La Défense est émouvante. Dans les rues circulent des Ami 8 et des Simca 1000. Les vitrines des boutiques ignorent le marketing. On a peine à imaginer que c’était il y a moins de cinquante ans, juste avant la fin des « trente glorieuses ».

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