Whiplash

« Whiplash », film de Damien Chazelle, pourrait servir de support de cours de management.

 Whiplash est le titre d’un morceau de jazz de Hank Levy. C’est aussi le « coup de fouet », la méthode de management de prédilection de Terence Fletcher (J.K Simmons), professeur de conservatoire qui inspire à ses élèves respect et terreur.

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Terence Fletcher insulte, humilie, maltraite ses élèves. Pour les déstabiliser, il ne craint pas de se prêter au jeu pervers du mensonge éhonté et de l’injustice flagrante. On pourrait n’y voir qu’un pur rapport de force brutal, le maître réduisant ses élèves à la condition d’esclaves assujettis à son bon plaisir. Mais un projet sous-tend l’autoritarisme fanatique de Terence : des ruines des égos blessés, il espère faire émerger le génie du jazz de demain. Charlie Parker avait été obligé de se surpasser par les humiliations subies ; il n’était devenu « Bird » qu’après avoir connu les affres de l’anéantissement et avoir touché le fond.

 Fletcher jette son dévolu sur un jeune homme de 19 ans, Andrew Neyman (Miles Teller). Celui-ci est prêt à tout sacrifier pour appartenir à l’élite mondiale des percussionnistes. Il se prend au jeu de son maître, pratique la batterie jusqu’à la transe et au sang, se révolte, abandonne puis revient, plus déterminé que jamais. Il accepte le combat avec Terence, bien décidé à ce que s’inverse en sa faveur le rapport du maître et de l’esclave.

 « Whiplash » est un film sur la recherche de l’excellence en musique, au risque de la folie qui dévora Charlie « Bird » Parker. C’est aussi une parabole sur l’exercice du pouvoir dans une société élitiste : lorsque le progrès du plus grand nombre est sacrifié à la promotion des meilleurs, lorsque tous les moyens sont bons pour faire émerger un génie de la masse des médiocres, lorsque le projet est mené par un chef dictatorial, l’horreur nazie n’est pas loin.

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